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L’éveil.
Nul lien,
un trait d’union peut-être,
un pont provisoire projeté,
lévitant sur le fleuve.
Une passerelle tendue
par une armée de souvenirs
en quête de mémoire.
Une retraite de vaine bataille,
sans vainqueur tous perdus.
Fusils rouillés, uniformes informes,
décorent les fantoches.
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A reculons,
à pas lassés,
renaît boudeuse l’image de ma nuit,
aveuglée par le sabre
du grand luminaire fossoyeur d’ombre.
Je roule je boule
et fronce les sourcils,
battant la mesure d’un orteil mutin.
Je devine une esquisse,
quelque trait pond une forme.
A l’affût je m’approche,
elle frémit je me fige,
elle est à portée de paume.
C’est une laque bombée,
anthracite et mouvante,
cintrant un ventre bleu
sur dune polychrome.
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Trois secondes nous séparent,
puis une, presque rien.
Un éclair fuse.
L’évanescente vision s’est étiolée.
L’ombre de ma main sans doute.
Mais diantre qu’ai-je vu?
Vite, vite, se souvenir.
Trop tard, c’est trop tard, le lien s’est délié.
Mon rêve se love,
s’envase et plonge,
lascif et narquois.
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Ma muse s’amuse.
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Jaleph 2010 vendémiaire